Textes : ALIS Webzine – Photos : D.R.
Autant lever de suite toute ambiguïté : le propos de l’ article n’est pas de contester l’apport et le rôle incontournable de la VW Golf GTI dans le phénomène GTI. Sans la Golf, le mouvement n’aurai peut être jamais été amplifié et médiatisé de la sorte. Nous souhaitons plutôt revenir sur certains termes précis et surtout sur l’ origine de ce concept et des premières GTI. En effet, sans entrer dans le détail, les Mini Cooper mk1, les Renault 8 Gordini , les Ford Cortina Lotus ont existé bien avant la Golf et leur concept général était rigoureusement le même que celui de la première Golf GTI, ou même des GTI phares des années 80 : Peugeot 205 GTI, Renault Supercinq GT Turbo, Golf 2 GTI, Ford Escort XR3 et RS Turbo … Mais il est vrai que ces » sportives populaires » des années 60 n’ont pas été conçues dans le même contexte que la Golf GTI mk1.
DEFINITION D’UN CONCEPT
Les débats ont souvent été nombreux dans les soirées de passionnés, les rencontres clubs, les sorties circuits et surtout sur les forums des sites internet consacrés à l’automobile . Après avoir longuement discuté, échangé , débattu, quelques grandes lignes du concept de base des GTI sont tout de même évidente à commencer par ce postulat de base : une GTI est une auto de série qui est améliorée en look (souvent), en châssis et qui reçoit une mécanique plus performante que d’ordinaire . Elle est ainsi souvent dotée de performances qui lui permettent d’aller jouer les troubles fêtes dans les catégories supérieures (souvent à motorisations également plus viriles sur le papier ) mais avant tout de garder un tarif abordable et populaire. Voiture de série améliorée, performances de la classe supérieure et prix abordable . Tel semble être l’ essence même du concept des GTI. Si l’on s’arrête à cette définition certes simpliste, mais réaliste, les sportives des années 60 cités plus haut rentrent évidemment dans la définition d’une GTI. Mais assez rapidement lors des débats ça et là, il est apparu que le gabarit d’une GTI est également à prendre en considération car souvent lié aussi au poids général de l’auto (avec une incidence immédiate sur le rapport poids/puissance et sur l’agilité de comportement routier). Les GTI seront donc aussi des autos des segments actuels A et B. Au-dessus, c’est hors sujet.
LE COUP DE GENIE DE VOLKSWAGEN
Bien souvent, ce ne sont pas les inventeurs ou techniciens qui savent le mieux rendre accessible au grand public leurs idées ou trouvailles. Et pour le phénomène GTI, Volkswagen a su se montrer particulièrement habile. Depuis les débuts de l’automobile, la compétition automobile et les variantes sportives ont certes assouvi les passionnés d’automobiles sportives, mais aussi et surtout servis d’ image pour dynamiser une marque et/ou une gamme et servir de locomotive. La VW Golf GTI est typiquement dans ce cas de figure, puisque la première année de commercialisation de la VW Golf en 1974 n’était pas, en France, un franc succès avec un démarrage timide. Puis dès 1975, la VW Golf GTI arrive dans les show-rooms avec une presse auto à ses pieds, des campagnes de pubs ad hoc, une plastique avantageuse, une coupe de compétition sportive (les plus anciens de nos lecteurs y verront une similitude troublante avec d’autres autos : R8 Gordini, Simca 1000 Rallye ). Et si les précédentes sportives populaires des sixties avaient connu une vie dans une période de rêve et d’opulence, alors que l’or noir avait plus la couleur noir que d’or, la Golf GTI vint à point nommé dans un contexte de crise. Elle proposait alors du sport accessible, avec une fiscalité et des consommations encore politiquement corrects en ces temps de crise pétrolière, et surtout, puisque le monde occidental était en crise, elle n’affichait pas le même caractère ostentatoire que des GT ou coupé plus évocateurs de performances. Il ne faut pas chercher plus loin les raisons d’un succès qui dépasse même les qualités intrinsèques d’un modèle.
ET AVANT ALORS ?
Si l’on accepte donc ce raisonnement que la Golf GTI est plus celle qui a su profiter d’une époque propice à l’éclosion des GTI, mais aussi que son offre alléchante et très bien » packagée » en marketing a su imposer en plus un » label « , presque une » marque « , à quand remontent donc les racines des GTI, concept finalement certainement plus vieux que la Golf elle-même. On a parlé des sportives populaires des sixties et seventies, mais avant ? En y réfléchissant de plus près, et les GTI ont toujours existé depuis l’après-guerre, mais de manière plus artisanales. On devait souvent à des préparateurs un peu sorciers ces traits de génie et bricolage performants sur des autos qui au départ ne semblaient pas propices au sport automobile . La France de l’après-guerre et même l’Europe, en pleine re-construction scinde globalement sa production automobile en deux : le haut de gamme pour attirer des devises or nécessaires aux états, ou du populaire pour motoriser rapidement la masse. Les constructeurs entre ces deux extrêmes ne réussirent souvent pas à subsister faute de clientèle. On pense à Hotchkiss qui se vantait d’être la marque » du juste milieu » et qui finalement succomba. Simca, Renault, Citroën, Peugeot et dans une moindre mesure Panhard, eurent donc la mission de motoriser les familles de France. Quelques préparateurs de talent se penchèrent sur certaines productions, généralement les plus compactes et moins lourdes (tiens ! on revient sur la notion de compacité et poids…) et se prénommaient pour les plus célèbres Gordini, Abarth, Darl’Mat… Même un futur créateur de marque, Jean Rédélé se chargea de la Renault 4 CV. La Régie elle-même n’oublia pas de prévoir une 4 CV 1063 qui était finalement un ancêtre de GTI et dont le premier prétexte était la compétition automobile.
LES ANCETRES… ET EPILOGUE
Les GTI auraient-elles donc trouvé leurs racines après-guerre ? Par rapport à la définition du concept même de » GTI » évoqué plus haut, certainement, mais en creusant un peu plus avant guerre, la production automobile, notamment française, alors florissante, nous réserve quelques surprises. Les années 20 et 30 marquent une apogée du style automobile français. Les carrosseries sont sur mesure, lourdes et posées sur des châssis en bois avec souvent des moteurs de forte cylindrée au rapport ch/l qui fera éclater de rire n’importe quel moteur sportif moderne. Et sinon, les » petites » populaires sont déjà sur le marché chez les futurs constructeurs généralistes. Mais il existait pourtant au moins un constructeur français qui se chargeait du sport populaire : Amilcar. Totalement oublié des jeunes internautes, cette marque française fabriquait des voitures de sport pour les jeunes (avec des moyens aisés tout de même pour l’époque). Leur concept résidait dans de petits moteurs, mais un poids allégé, un gabarit compact et un châssis qui se voulait sportif. Si les Amilcar les plus connues étaient découvertes sous la forme de roadsters (un peu des mini Bugatti Type 35 en gabarit), certaines étaient en version fermées. La boucle est bouclée ?
>CONCLUSION
Alors ? GTI or not GTI ? Quelles sont les racines de ce concept ? Autant l’avouer de suite, ce n’est pas la Golf GTI qui a initié le mouvement. Les » GTI « , même si on ne les appelait pas comme cela, étaient déjà présentes après-guerre. Mais la grosse différence entre avant la Golf GTI et après, c’est la raison d’existence des GTI. Jusqu’à l’arrivée de la Golf GTI 1600 en 1975, la plupart des GTI naissantes étaient avant tout destinées à permettre une homologation en compétition ou à servir d’étendard sur les pistes et les routes. Or, la Golf GTI n’a pas été conçue au départ spécialement pour ce rôle, mais avant par un groupe de passionnés, et en plus pour servir finalement d’image à toute une gamme. Avec un marketing très intelligent et simple, la Golf GTI a initié un mouvement et réussi à dissocier le prétexte de la compétition et de la production en série grand public. Depuis ce temps, et bien que la commercialisation certaines autos (Focus RS, Clio Williams…) servent encore occasionnellement de prétexte à l’homologation en compétition, la grande majorité des GTI a pour but ultime d’être l’étendard de la gamme et non plus l’étendard sur les pistes et routes. Voilà certainement là le tour de force de Volkswagen, d’avoir su faire comprendre qu’une GTI n’était pas que pour des pilotes, mais pour le grand public. Bravo !
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